Marché de l'art

Blockchain et marché de l’art à l’ère numérique

Dernière mise à jour le 18/10/2017 à 03:21

De belles histoires chaque jour...

Recevez directement dans votre boîte mail de belles histoires, des conseils, des ressources et plus encore sur la digitalisation et les innovations sur le marché de l'art.
Adresse e-mail
Promis, pas de spams

La question de la traçabilité sur le marché de l’art est une question centrale puisqu’elle touche directement à la nature des oeuvres vendues. Le marché de l’art a souffert, et souffre depuis très longtemps, de nombreuses histoires de faux et d’escroqueries. A mesure que le marché de l’art se digitalise, de nouveaux problèmes apparaissent. La nouvelle technologie blockchain, appliquée au marché de l’art, permet d’apporter une solution sûre, quasiment infalsifiable aux problématiques de fraudes, de propriété intellectuelle, de provenance et de documentation. Comment aujourd’hui, la révolution technologique blockchain peut offrir au marché de l’art plus de transparence et de sécurité lors des transactions? Essayons de comprendre les enjeux et les opportunités de la technologie blockchain appliqués au marché de l’art.

Qu’est-ce que la technologie blockchain ?

Avant d’évoquer l’application de la blockchain sur le marché de l’art il est nécessaire de revenir rapidement sur ce qu’est la blockchain. Pour la présenter simplement, reprenons l’excellente proposée par la plateforme Blockchain france :

« La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, une blockchain constitue une base de données décentralisée qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. »

Information importante, en réalité il n’existe pas qu’un seul type de blockchain, il en existe de plusieurs, certaines publiques et d’autres privées, avec pour certaines de ces dernières des accès très limités et réservés à certaines communautés bien spécifiques. Une blockchain publique peut donc être perçue comme un sorte registre numérique publique partagé et sécurisé de bout en bout.

Comment cela fonctionne t-il concrètement?

Toute blockchain publique fonctionne nécessairement avec une crypto-monnaie ou un jeton, un « token » programmable. Le Bitcoin, probablement la crypto-monnaie la plus populaire aujourd’hui, est un exemple de monnaie programmable. L’ensemble des transactions effectuées entre les différents utilisateurs du réseau sont regroupées par ce que l’on appelle des « blocs« . Chaque bloc est validé par les noeuds du réseau appelés les “mineurs” – des sortes de jointures -, selon des techniques qui varient en fonction du type de blockchain utilisée. Par exemple, dans la blockchain du bitcoin cette technique est baptisée le “Proof-of-Work”, ou « preuve de travail » en Français, et consiste en la résolution de problèmes algorithmiques complexes.

Schéma fonctionnement Blockchain de Blockchain France

Même si elle est encore mal comprise du grand public, parce qu’effectivement très complexe dans, la blockchain constitue une révolution importante dans la mesure où pour les transactions, habituellement contrôlées par des entités comme les banques, n’ont désormais plus besoin de ces dernières pour les valider puisque la sécurisation est constitutive de la blockchain. Par exemple, il n’y a pas de transaction possible si la blockchain ne valide pas la véracité des parties prenantes de la dite transaction.

Mais ce n’est pas le seul aspect transactionnel que la blockchain révolutionne puisque de nombreuses industries peuvent être à terme impactées par cette technologie de rupture. En effet, les secteurs de la finance, de l’éducation ou encore des assurances peuvent en utiliser le principe pour l’appliquer à leurs propres expertises-métiers notamment pour des opérations de certification, de validation ou de régulation.

Si après ces explications, le principe de fonctionnement de la blockchain n’est toujours pas clair pour vous, découvrez une petite vidéo explicative, très bien faite, qui permet de mieux saisir le principe général avec des illustrations :

Les principes de la blockchain appliqués au marché de l’art

Appliqué au marché de l’art le principe constitue également une révolution importante. En effet, on peut alors imaginer de nombreux déploiements possibles : certification des oeuvres et des documents, accès à l’historique détaillé des transactions, sécuriser les transactions entre vendeurs et acheteurs ou générer des certificats d’authenticité infalsifiables; documents qui constituent une manne considérable et très mal régulée sur le marché. Une vraie petite révolution donc qui pourrait largement bouleverser un marché historiquement secoué par de nombreuses affaires de faux, d’escroqueries ou de vols, en proposant là, une solution permettant de garantir automatiquement la traçabilité des oeuvres et d’inscrire les opérations transactionnelles de façon infalsifiable, et ce, sans intermédiaire, dans un registre décentralisé et totalement sécurisé.

La digitalisation du marché de l’art est positive mais pose de nouveaux problèmes

Avec l’accélération de la digitalisation du marché de l’art, on assiste à l’émergence d’un écosystème de plateformes et de services en ligne. En résulte une progression spectaculaire des opérations transactionnelles en ligne et pousse nécessairement à davantage de transparence sur un marché qui, traditionnellement, a toujours été relativement opaque au sujet des transactions et des montants. Autre point positif, et non des moindres, l’accessibilité à l’information experte au sujet des oeuvres et des artistes notamment sur la plateforme de référence : Artnet. Avec cette situation de mutation numérique arrive un gain de confiance non négligeable de la part des collectionneurs néophytes.

Toutefois, le processus de digitalisation du marché de l’art ne résout pas, si ce n’est démultiplie, les problématiques d’authenticité des oeuvres, une problématique historique du marché. La confirmation de l’authenticité d’une oeuvre est au coeur du modèle du marché de l’art car c’est à partir de cette authentification que les ventes et les acquisitions peuvent s’effectuer. Dans un marché où une grande majorité des transactions privées et publiques s’effectuent encore sur papier, la blockchain constitue donc une réponse innovante et ultra sécurisée à une problématique historique du marché de l’art, qui n’avait jusque là jamais trouvé de système assez sécurisé pour faire mieux que les experts, parfois eux aussi trompés par des faux, pour garantir l’authenticité d’une pièce à 100%. De ce point de vue, la blockchain constitue une véritable innovation.

L’émergence d’un écosystème « Blockchain as a service » sur le marché de l’art

Dans cet environnement technologique bouillonnant, parfois mal compris des acteurs du marché, émerge de plus en plus de services basés sur blockchain pour proposer des panels de services innovants et entièrement sécurisés. Dans le monde entier, aux Etats-Unis et en France notamment, mais pas que, des entreprises proposent des services à forte valeur ajoutée liés à l’achat, certification, à la vente et revente… On vous propose un petit panorama des solutions innovantes qui innovent.

Achat d’oeuvres avec le bitcoin

Le marché de l’art en ligne est en explosion comme le souligne le rapport Hiscox 2017, et il faut s’en réjouir. En parallèle, on assiste à l’émergence de services qui permettent d’acheter des oeuvres digitales – oeuvres particulièrement sensibles à la fraude – de façon sécurisée avec la crypto-monnaie Bitcoin, c’est notamment la mission de la plateforme américaine Cointemporary.

Joey Villemont, 24HourBody.net (screenshot), 2017 oeuvre sur la plateforme cointemporary

Générer des revenus en vendant ses oeuvres

Autre plateforme innovante mais cette fois-ci de monétisation des contenus distribués et publiés. Monegraph est une plateforme américaine de publicité qui permet de connecter les créateurs de contenus à des régies publicitaires pour développer son audience et générer des revenus.

Screenshot de la plateforme « Monegraph »

Authenticité et traçabilité des oeuvres

La traçabilité des oeuvres est un enjeu majeur sur le marché de l’art. Le colloque de ADAGP qui se tenait le 28 Septembre dernier tentait d’ailleurs de répondre à cette question centrale. Il existe aujourd’hui des services et plateformes qui répondent à cette problématique et c’est le cas notamment de la société Lilloise Seezart qui propose une application dédiée permettant de vérifier, certifier et tracer une oeuvre d’art ou une collection. Aux Etats-Unis, c’est également le crédo de Ascribe.io

Screenshot du site Seezart

Assurances

Sur un marché aux valeurs économiques et sentimentales souvent importantes, l’assurance des oeuvres et des collections est évidemment importante. D’ailleurs, beaucoup de collections privées et publiques sont assurées de manière inadaptée, notamment pendant l’acheminement d’une oeuvre sur une foire ou dans un dépôt. La société Monuma édite l’application iOS « Patrimonia« , disponible sur l’app store, qui permet aux collectionneurs de disposer d’un système d’assistance, de prévention, d’assurance et de gestion de sinistres certifié blockchain dans son smartphone, tout le temps.

Screenshot de l’application « Patrimonia » de la société monuma.fr

Traquer et protéger ses oeuvres

Dans un monde toujours plus digitalisé, les photographes notamment sont particulièrement exposés aux problèmes de copyrights et des droits d’utilisation des photos qu’ils réalisent. La plateforme Binded essaye d’apporter une réponse à cette problématique en protégeant les oeuvres de ces derniers en fournissant un certificat estampillé Blockchain et qui permet de pouvoir réclamer, en tout légitimité, son dû en cas d’utilisation de photos de façon non autorisée.

Screenshot de la plateforme Binded

Récupérer de l’argent sur la revente de ses oeuvres lorsqu’on est artiste

De nombreux artistes ne touchent pas le moindre centime quand leurs oeuvres sont revendues sur le second marché et ils ne sont parfois même pas au courant qu’il y a eu revente. En effet, le principe du droit de suite ne s’applique pas. Pour pallier à ce problème, la plateforme américaine Artely permet aux artistes de pouvoir faire valoir leurs droits lors d’une revente de leurs oeuvres.

Screenshot du site de l’app « Artlery »

La blockchain peut permettre au marché de l’art de devenir un marché protégé des affaires de faux qui posent de véritables problèmes. De plus, les artistes et les amateurs d’art peuvent également profiter de cette innovation pour se protéger. C’est une innovation incroyable qui va probablement accélérer la digitalisation du marché de l’art.